Rencontres-exposition en octobre

Chroniques subjectives, exposition collective, Marie Combes, Christophe Ponceau, Patrick Renaud. Chroniques subjectives présente les travaux photographiques sur le paysage de trois artistes.

Chroniques subjectives / Exposition collective

du 13 octobre au 15 octobre 2023 / Événement spécial POAA 2023 / Portes Ouvertes Ateliers d’Artistes de Montreuil

Chroniques subjectives présente les travaux photographiques sur le paysage de trois artistes. Marie Combes et Patrick Renaud avec « Fugitives / Detroit ». One step, and then another… et « Extension des territoires » invitent Christophe Ponceau, Paysagiste scénographe avec la série « Le bénéfice du doute ».

Le but de l’exposition Chroniques subjectives est sans doute moins de présenter trois artistes, trois regards différents, ce qui va de soi, que de tenter l’expérience « d’organisation » de ces photographies. Organiser, c’est-à-dire trouver une articulation, des liens autour de leur vécu. Comme tout témoignage, c’est au risque d’imaginer plutôt que relater: disposées ainsi, les images se frôlent, se déforment les unes au contact des autres, intérieurement à la série, extérieurement aux autres séries. L’image seule nous dit sa précarité, ses silences, aussi ses possibilités à devenir une autre image.
Alors ce sera quoi cette expérience de confronter la pratique du photographe à l’imaginaire du spectateur ? Expérience qui pourrait produire une image, celle qui n’est pas encore venue, celle qui reste à faire.

  • Alors, c’est toujours de l’imaginaire ? Dit elle.
  • Ça se pourrait bien, ma jolie.

Marie Combes interroge à nouveau son travail sur Detroit. Suite à la publication d’un livre d’artiste en 2016 « Fugitives / Detroit. One step, and then another… ». L’investigation pour cette exposition est brutale et opte pour la pénombre, allant jusqu’à modifier le format pour exprimer la ville friche, la ville paysage.

Patrick Renaud construit une image à partir de plusieurs autres. Des images qui montrent ce qui fut, de minces fragments de temps qui s’additionnent et jouent de l’opacité et de la transparence. Dans la rencontre avec les œuvres exposées y aura-t-il pour chaque spectateur, création d’une autre image ? Que faisant nous à les fixer, à tenter de les arrêter pour y voir de la réalité ?

Christophe Ponceau collecte des images lors de ses déplacements. Elles sont autant de notes éparses qui documentent son travail et interrogent sa perception des lieux. Dans le cadre d’une exposition collective, comment vont-elles agir ensemble puis sur les autres images ?

l’atelier-images-périphériques 15 rue Jules Ferry, Bagnolet
du 13 octobre au 15 octobre 2023 > ÉVÉNEMENT SPÉCIAL POAA 2023
Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes de Montreuil

Vernissage vendredi 13 octobre de 17h à 21h
samedi 14 octobre & dimanche 15 octobre de 14h à 19h

Kare Magnole, rencontres-exposition en février.

Artiste invitée

Dans ce cadre l’artiste invité par le collectif en février et mars 2022 est Kare Magnole. Cet évènement autour de la photographie raconte une histoire qui est celle du représenté sans appareil photographique, où l’image est la rencontre de la lumière et d’un papier sensible. Dans l’exposition  » Tout n’est que recommencement  » les photogrammes de Kare Magnole occupent une place particulière dans ses travaux photographiques, ils rendent compte d’un monde où la naissance de l’image joue avec la dimension picturale des formes, des empreintes, ses représentations sont des pièces uniques.

KARE MAGNOLE / Tout n’est que recommencement;

Écume de trente ans de vagues intermittentes de créations de photogrammes de Kare Magnole, quatorze épreuves uniques, quatorze inscriptions sur le papier de l’action conjuguée d’un geste et de la lumière, scandent trois murs distincts, associées sur chacun d’eux en duos et trios par affinités d’espèces d’espaces, enjambant la chronologie, outrepassant les conditions initiales de leurs apparitions. À la manière d’une musique spatialisée, l’exposition intègre le silence rythmique des intervalles, conservant à chaque image son unicité, resserrant ou écartant des attractions, échos, variations, affections de l’une à l’autre, dépliant dans une sorte de montage syncopé leurs mouvements internes de contraction et d’expansion, de densité et de dilution, d’étendue et de césure.

Commencer, encore.

Chaque œuvre a partie liée avec sa propre genèse et sa propre génération, fixant le temps du processus même de son déploiement sur le papier. Chacune est une rencontre inédite d’un état contingent de la lumière ambiante – sa vigueur, sa chaleur, sa vibration dans l’air, avec une action qui dirige sa morsure, tendre ou intense, le champ et la profondeur de sa pénétration, directement sur le papier et au cours de la séquence des bains jusqu’à l’ultime fixation, le temps de voir advenir la trace de sa transformation. Ce temps de réalisation est bref, obligeant à une déprise dans la conduite des gestes, un contrôle calme de leurs intentions et une confiance éveillée à ce qui advient. La fluidité et les accents des formes qui en résultent condensent et révèlent le tempo singulier qui donnait un souffle initial à cette aventure, la puissance de son développement organique, convertis en champs, profondeurs et affleurements. Parfois, l’expérience fait un cadeau, un commencement prend forme : une vision se produit, une composition résonne, ouverte par la grâce des accidents qui vivifient sa dynamique, amplifient sa force suggestive.

De telles épreuves ont toujours un caractère inaugural, quels que soient les procédés techniques du contact avec le papier ; le travail direct avec la lumière, qu’il manifeste une tendance plus graphique ou picturale, plus spatiale ou substantielle des interventions de l’artiste, nécessite une disponibilité à cette autre part active de la création, impersonnelle, qui l’extirpe des temps successifs de la chronologie. Si chaque photogramme manifeste une émotion différente, dont la fulgurance du procédé garantit la liberté d’inscription, chacun recèle quand elle se révèle une forme de la même quête existentielle, accomplie par les aléas lumineux. Le dialogue entre des œuvres éloignées dans le temps fait entrevoir cette même ascèse à travers leur variété d’états, délivrant la basse continue de la singulière musique intérieure de Kare Magnole.

Presque une photographie, presque une peinture.

Les photogrammes produisent des espaces photographiques concrets, effets de l’animation du corps et du regard, de traces, d’empreintes, dans le substrat sensible du gélatinobromure d’argent. Ils s’apparentent à un pan distinctif du travail photographique de Kare Magnole, tant en photographie argentique qu’en polaroïd, pratiques continues de l’artiste qui témoignent d’un regard en mouvement et d’un intérêt pour le processus d’apparition de l’image lors du développement équivalent de celui de ses photogrammes, de ce qu’elle espère faire émerger à rebours du programme attendu de la capture du réel. Elle travaille à ralentir leur saisie, à contre-pied de la compulsion d’images conditionnée par l’apparatus (pour reprendre le concept de Vilém Flusser) des images numériques, dans une évacuation des clichés, une retenue de la prise de vue, ne considérant cette opération ni comme une impression objective ni une comme une coupe temporelle. En abaissant la définition, elle rend active une traversée corporelle de profondeurs très substantielles, non échelonnées, accentuant l’omniprésence et la sensorialité particulière des matières, virage de route mouillée, horizon perdu de sillons spongieux, murs imbibés d’humidité, dans leur espace pulsatile. Les champs de gris laiteux, les translucidités nocturnes où sourdent des lueurs sous-jacentes, les strates liquéfiées aux profondeurs poreuses de certains photogrammes expriment des sensations similaires de respiration spatiale, de perméabilité des distances et des textures, parfois même de presque rien ardent qui excite les gris. C’est toujours le processus de tirage qui fait muter l’ensemble des images de Kare Magnole, qui bouge ses négatifs, joue du temps d’exposition, superpose les transparences, exposant le mouvement interne des images, l’acte de leur transformation, un état de leur autre part (j’emprunte la locution à l’artiste) que contient la matrice.

Nombre de photogrammes s’apparentent plus franchement dans leurs procédés comme dans leurs effets à des gestes picturaux : le jeux des couches et des réserves des empreintes ; les traits évoquant le passage de pinceaux, en scansions de traces régulières ou à travers des constellations de taches, qui peuvent évoquer les lavis au brou de noix d’un Soulages, les giclées et pulvérisations des ultimes tableaux d’Hans Hartung ou les « encres fendues » et « encres éclaboussées » de la peinture chinoise de paysage, dont les principes dynamiques du shanshui génèrent autant de microcosmes, comme les œuvres de Kare Magnole. La primordiale fluidité des photogrammes les relie à la nature humorale de la peinture, ses voiles de glacis, ses vernis, ses coulées translucides, l’action du médium liquide, le bain où s’engendrent et se meuvent les matières et les signes.

Entrevoir.

« Au bout d’un moment deux sentiments m’envahissent : peur et désir, peur de la grotte obscure et menaçante, désir de voir si elle n’enferme pas quelques merveilles extraordinaires. »

Léonard de Vinci, Codex Arundel.

Trois murs, quatre césures internes où les œuvres se font écho, une à une, une à deux, deux à deux, deux à trois, de bloc à bloc, d’essaim à essaim. Une première lecture de la ligne continue de l’ensemble suit l’agencement arbitraire des images pour cette exposition, des plus « photographiques » aux plus graphiques, discerne des groupuscules de divers modes d’occupation du champ qui ne se résolvent pas en séquences, mais induisent des aires métaphoriques et des résonances imaginaires particulières : horizons traversés, migrations de l’ombre, univers en formation, propagations chaleureuses, expansion cosmique… Autant de mots inadéquats, tant chaque œuvre de Kare Magnole bannit tout spectacle accompli, toute forme finie, tout cours narratif, enclenchant des chaînes inépuisables d’analogies en prise avec les paradoxes spatio-temporels de l’onde et du diaphane, engageant le spectateur à s’imprégner intuitivement, à devenir à son tour, dans une attention lente, subjectile sensible à l’instar du papier.

D’une œuvre à l’autre, l’art singulier de Kare Magnole se découvre, un art du presque, de la suspension, de l’imaginant qui précède l’image, où l’affleurement peut être un effacement, où la simplicité du geste accomplit du transitoire, jugulant les élans expansifs par des replis des signes à l’intérieur des bords, où domine la nuance qui décline les gris, fusionne les strates, caresse les surfaces, où le désir de voir s’inscrit avec la force de sa retenue. À son tour, le spectateur est en instance d’entendre la petite musique originale de Kare Magnole, d’entrevoir la merveille inquiétante et promise. Une respiration qui comprend son reflux ; un temps d’incarnation d’un être dans son bain intranquille, qui précède le tragique ; un songe de la matière qui esquisse, délicatement, le sourire du vivant.   

Pascale Brun, novembre 2021

Patrick RENAUD, rencontres-exposition en novembre

Journal des brumes et les surfaces du monde

« L’image est ce devant quoi l’on s’arrête, elle est ou devrait être l’arrêt qui fixe le regard et entrouvre à partir de cette stase, fût-elle la plus modeste, le champ d’une expérience toujours à venir ».
La reprise et l’éveil. J-C. Bailly

Si il y a un point commun à ces deux séries, ce serait, me semble-t-il d’être sans réponses aux questions que pose l’histoire de la perspective linéaire. Je prends la précaution du me semble-t-il car bien souvent la présentation du travail ressemble à un témoignage, fait remonter des expériences. Alors qu’il s’agit parfois pour contrer une dispersion, des incohérences, d’une réorganisation de fragments réels ou imaginés. Mais supposons que la perspective ait été un point d’attraction qui ait satellisé les choix ou orientations de ces travaux. Cette géométrie est alors d’une grande efficacité pour notre aspiration à voir, mais au risque, c’est ce qu’elle fait, de dissimuler des éléments ou de les réduire dans le lointain à une presque invisibilité. Soit, faisons des sacrifices pour organiser les apparences du monde. Nous y gagnons de connaitre la place de l’auteur-spectateur et celle de l’Homme décidant le monde. 
Je pense cependant que dans ces histoires de perspective ce qui ne me convenait pas était d’être tenu à l’immobilité convenue de l’auteur ou du spectateur. La perspective n’aime pas le mouvement, elle n’est pas faite pour lui.

Depuis « Sédiments » en 2013, la matière première de mes séries est venue de mes anciens négatifs. Empilés, superposés jusqu’à obtenir une image autre. Puisque l’on ne demande qu’à y croire, alors voyons jusqu’où c’est possible, où plutôt voyons ce que devient la réalité photographique. J’ai donc appliqué ce protocole à d’autres séries. Et avec « Subjectile » et « Les surfaces du monde » en choisissant de conserver l’ensemble du négatif et les indications sur ses bords. Dévoiler la surface de l’image, s’obstiner à faire apparaître l’espace des apparences. Je ne sais si cela fonctionne, mais ça a ouvert, déplié « Le journal des brumes » qui semblait attendre, comme embusqué.
Il n’est pas question d’une chronologie narrative avec sa logique mais de fragments sensibles qui se frottent, se déforment, s’épuisent au contact. La photographie est aussi un corps à corps, peut-être même n’est elle que cela…

« Le journal des brumes » s’est imposé et en appliquant le même protocole de superpositions j’ai pensé aborder le mouvement, mais est-ce bien du mouvement qui est restitué ? N’est-ce pas plutôt une autre dynamique, d’autres tensions puisque c’est le mouvement qui crée ces formes ? Certes, au montage il y a des choix, je retranche, ou favorise telle photographie, mais cette tentative d’organiser le chaos est bien dérisoire par rapport à ce que demandent les images. Elles étaient là avant moi et exigent que je trouve leur place, leur cohabitation possible.
Il y a une certaine duplicité dans la photographie qui fait sa force, celle de nous renseigner pour ne rien dire, d’admettre qu’une image n’est pas une capture, pas un acquis. Elle cherche en silence son autonomie. Et même si il faut bien à un moment donné s’arrêter, une photographie n’est jamais finie et ce qu’elle montre n’a décidément rien à voir.

P. RENAUD. oct 2021

Journal des brumes ©Patrick RENAUD
Les surfaces du monde ©Patrick RENAUD
Continuer la lecture de « Patrick RENAUD, rencontres-exposition en novembre »

Marie COMBES / rencontres-exposition

MARIE COMBES Esquisser une voie, portraits d’itinérances

« On n’aperçoit pas du tout les mêmes choses, en effet, selon qu’on élargit sa vision à l’horizon, qui s’étend, immense et immobile, au-delà de nous; ou selon qu’on sollicite son regard sur l’image qui passe, minuscule et mouvante, toute proche de nous dans la nuit. L’image est bien comme une luciole, une petite lueur, la lucciola des intermittences passagères. »
Non-savoir de la passante
04.06.2009
Aperçues- Georges Didi-Huberman

Ces photographies sont la mise en récit d’un voyage, un peu différent de cette notion qu’est le voyage. Mettre en parallèle la réalité de la crise pandémique que nous venons de traverser et ce travail, est un témoignage de ce que nous avons perdu.
Début 2017, la réalité me faisait prendre conscience de la précarité humaine. S’observer comme un corps en mouvement, et regarder dans l’ombre la mouvance de l’image réfléchie est une expérience visuelle troublante. Confrontée à de longs déplacements en métro le regard que je portais sur les surfaces réfléchissantes, s’est ouvert à l’observation des visages et des corps qui m’entouraient. Le désir de fixer ces réflexions a permis le surgissement de ces images. L’image photographique reçoit les reflets de ces visages entrevus. Le dispositif est contemplatif.
Marie Combes 3 juin 2021

Continuer la lecture de « Marie COMBES / rencontres-exposition »

Atelier images périphériques

Collectif d’artistes crée par le binôme Combes&Renaud. L‘atelier Images Périphériques est situé à Bagnolet, en périphérie de Paris, à 5 minutes à pied de la Porte de Montreuil, et de la station de métro Robespierre, sur la ligne 9.

Marie Combes & Patrick Renaud, photographes et co-auteurs d’œuvres vidéos, ils vivent et travaillent à Bagnolet et Paris, France.